Témoignage de Dorothée HAAG, correspondante académique eTwinning pour l'académie de Créteil, et enseignante d'italien au lycée Marcelin Berthelot de Pantin, en Seine Saint-Denis (93). Ce témoignage intervient dans le contexte actuel de la pandémie de la Covid-19. Dorothée nous présente son projet "Io voglio a pizz" qui a débuté en mars 2020, lors du premier confinement. Elle nous explique comment elle et ses collègues ont dû et pu s'adapter aux conditions d'enseignement inédites de la période. 

Etablissement :

Au lycée M. Berthelot, Pantin, nous enseignons dans un contexte un peu difficile, avec des difficultés de mise au travail, de l’absentéisme, un manque de matériel informatique personnel (cependant résolu avec des prêts de matériel lors du confinement), beaucoup de départs entre la seconde et la première (réorientation, choix de séries non offertes dans l’établissement, déménagement, …) et surtout peu de relations avec les familles des élèves.

Le confinement a alors imposé de suivre les élèves à distance, de les motiver pour les inciter à travailler malgré cette période et malgré des conditions parfois compliquées (notamment logement exigu, peu d’espace de travail, bruit…) et surtout de garder un lien tout au long du confinement pour s’assurer que tout se passait pour le mieux, pouvoir agir si besoin et pour les accompagner dans leur orientation afin de préparer au mieux la rentrée de septembre.

Les élèves concernés par le projet étaient des élèves en seconde qui suivaient l’option italien en LVC : s’ajoutait alors le problème de motiver les élèves à travailler une matière optionnelle et de leur donner envie de continuer cette matière en première malgré une année de seconde perturbée.

Partenaires :

Quatre enseignantes ont participé au projet, deux en Campanie (Italie) et deux en Seine-St-Denis. Nous devions allier les spécificités de nos établissements pour étudier le thème de la pizza napolitaine au travers de sa nomination comme patrimoine immatériel de l’Unesco en 2017. Les deux établissements en région parisienne devaient se rendre au siège de l’Unesco et comprendre son fonctionnement, pendant que le lycée hôtelier, spécialisé dans les « arts blancs » donnaient la recette traditionnelle et les élèves du lycée touristique en montraient les aspects traditionnels (notamment avec la mozzarella di Aversa)

Confinement :

Nous avions situé notre projet en mars, afin de pourvoir préparer certaines activités à l’avance et pour s’assurer que les élèves débutants aient un niveau suffisant.

Au début du confinement, nous avons décidé de maintenir le projet et de l’adapter à la situation. Nous l’avons commencé réellement en avril, pour avoir le temps de le préparer et de laisser passer les vacances scolaires. Nous avons mis en avant les besoins, différents selon le public :

  • En Italie, les élèves étaient des quatrième et cinquième année (équivalent de la terminale). Les élèves suivaient l’intégralité des cours auxquels venaient s’ajouter le projet : le souhait était donc d’avoir des activités ludiques pour égayer le travail de cette période.
  • En France, les élèves étant débutants et en option, le projet prenait la place du cours, en partie, afin de maintenir un lien avec les élèves, de continuer à leur faire pratiquer la langue et aussi de les valoriser.
  • Le projet devait être souple : nous devions anticiper le risque d’absence ou maladies d’élèves comme d’enseignants en cette période particulière. Nous avons donc eu moins d’activités collaboratives que prévu et avons travaillé à des rythmes différents (une collègue a notamment été absente pendant un mois) mais les outils informatiques utilisés leur ont permis d’échanger ensemble (notamment par le biais de jeux et questionnaires).
  • Le projet devait inclure une possibilité de travail hybride en cas de retour en classe. J’ai par exemple créé une page dédiée à mon établissement pour y dérouler des activités sur le thème mais ciblées pour ma classe (notamment grammaire et conjugaison). Cependant, aucun des établissements n’a repris les cours en présentiel.

Déroulé du travail :

Les élèves ont rapidement été enthousiastes vis-à-vis du projet. Dans mon établissement, nous nous rencontrions une fois par semaine en visioconférence, à chaque fois à la même heure, pour faire le point sur les activités réalisées et les activités à faire. Nous avons proposé plusieurs activités brise-glace et de création, les élèves pouvaient tout faire ou choisir deux activités selon leurs appétences et leur investissement.

Les activités brise-glace étaient variées pour donner envie aux élèves de parler d’eux et de participer : échanger sur ses souvenirs autour de la pizza, création de slogans autours des stars et la pizza, l’horoscope et un jeux test « quelle pizza es-tu ? », ainsi qu’un questionnaire sur la pizza pour mieux se connaître. Nous avons ensuite travaillé sur l’Unesco. Les élèves en lycée touristique ont présenté une carte des sites Unesco de la Campanie, à partir de laquelle les élèves français ont fait des recherches et réalisé de courtes présentations. Les élèves de l’autre établissement français ont ensuite réalisé une présentation interactive sur le rôle de l’Unesco. Pour la partie recette de la pizza, nous avons reçu une vidéo réalisée par les élèves du lycée hôtelier qui a servi de base pour que les élèves puissent cuisiner leur propre pizza chez eux pendant ce confinement. Les élèves du lycée touristique ont présenté la fabrication de la mozzarella de bufflonne et ont présenté différents types de pizza, ce qui nous a permis de travailler en grammaire sur l’expression du souhait et du goût. Nous avons ensuite échangé plusieurs documents sur l’histoire de la pizza, avec questionnement (Edpuzzle). La dernière partie concernait la pizza et l’art avec des possibilités de création de la part des élèves, leur donnant ainsi une autre forme d’échange. Enfin une vidéo répertorie les différentes activités réalisées pendant le projet, créé par les élèves.

Il s’agissait du premier projet de ces élèves, mais par chance, ils avaient été invités à participer à une des activités d’un projet mené par les élèves de terminale en novembre/décembre et avaient donc déjà leurs mots de passe et connaissaient, même vaguement, l’utilisation de la plateforme. Lors de nos visio-conférences, je montrais lors des visio-conférences hebdomadaires l’utilisation d’ outils tels que le TwinBoard, le Padlet, le forum, et envoyais des tutoriels vidéo en fonction de leur demande.

Le projet a donc surtout mis en avant le jeu. Nous avons créé une série d’activités à faire réaliser par les élèves, des jeux, des questionnaires, des recherches aussi, sur le rôle de l’Unesco ou le patrimoine Unesco en Campanie, nous avons mis en place des forums pour que les élèves échangent et avons créé des espaces de création autour du thème. Les collègues en Italie avaient préparé des vidéos avant le confinement, nous avons donc pu utiliser le matériel pour créer des activités pédagogiques.

La plateforme eTwinning a été très pratique dans ce contexte. Le travail a ainsi pu être partagé entre les différentes enseignantes et maintenir un rythme régulier. Nous avons utilisé les outils du TwinSpace – espace de travail collaboratif et sécurisé – pour mener grande partie des activités mais avons aussi pu intégrer sur les pages du projet d’autres outils (Learningapps, Google Forms, Mashallow, Genial.ly, Edpuzzle), que nous connaissions. Les élèves pouvaient réaliser l’ensemble des activités sur la même plateforme. Nous avons aussi pu organiser clairement le projet avec des pages et sous-pages et un journal qui tenait informé des nouvelles activités créées. Les parents ont pu également accéder au TwinSpace pour prendre connaissance du travail des élèves.

Evaluation de travail :

Nous avons pu réaliser, à la fin de ce projet, une vidéo sur le travail effectué. Un sondage a été fait auprès des élèves, qui ont en général apprécié ce travail.

En ce qui concerne mes élèves, la majorité a suivi les réunions virtuelles et ont participé à une partie des activités données. Une partie des élèves – ceux qui souhaitaient continuer en première – ont continué à se réunir chaque semaine jusque début juillet, soit un mois après les conseils de classe. Le retour des élèves a été très positif : ils ont apprécié l’aspect ludique du projet et n’ont pas ressenti de césure dans leur pratique de l’italien.

Continuité du projet :

Le partenariat mené à cette occasion se poursuivra donc. Nous sommes en train d’organiser un nouveau projet qui nous permettra d’affronter cette nouvelle période de perturbations (établissements scolaires actuellement fermés en Campanie …). Fortes de notre expérience précédente, nous souhaitons augmenter la part de collaboration, que les élèves soient en présentiel ou distanciel. En effet, le TwinSpace a répondu à nos besoins pendant cette période : un espace sécurisé, qui permette de varier les activités en distanciel et présentiel, une possibilité de collaboration entre enseignant et le maintien de l’ouverture européenne.

Accédez à l'espace numérique de travail du projet, le TwinSpace, en cliquant ici

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